Il m’aura donc fallu trois jours pour lire ce livre. Il est pourtant très court (150 pages), avec de gros caractères. Pourquoi donc ai-je mis autant de temps pour lire ce bouquin d’Éric Vuillard « L’ordre du jour » ? Tout simplement parce que j’ai voulu le savourer, comme on apprécie une bonne bouteille de vin.
Dans ce récit passionnant, auréolé du dernier prix Goncourt, l’auteur revient sur les événements qui préfigurent la seconde guerre mondiale et principalement l’Anschluss.
Ce qui est remarquable dans ce roman, outre qu’il est très bien écrit, c’est qu’il revient sur des faits historiques incontestables en plaçant le lecteur dans les coulisses. Cela change d’un documentaire ou d’un manuel d’histoire dans la mesure où si les faits ne sont pas remis en cause, la perception des événements à l’époque et jusqu’à nos jours est à interroger.
Ainsi Hitler semble accueilli en héros à Vienne suite à l’annexion de l’Autriche, tout paraît, limpide, facile, quasi implacable. Or dans cette journée, rien ne s’est passé comme prévu et les Autrichiens étaient loin d’être aussi enthousiastes que ne le suggèrent les images de cette foule en liesse.
Éric Vuillard insiste également sur l’aplomb des nazis qui sont loin, en 1938, de posséder une armée invincible.
Le livre commence et finit en se tournant vers le monde industriel qui lui aussi cède sans demander son reste aux exigences de Hitler. Un monde bien plus familier qu’il n’y paraît.
La banalité du mal, le thème n’est certes pas nouveau mais l’auteur démontre tout cela avec éclat. C’est tellement agréable qu’il m’aura donc fallu trois jours pour tout encaisser et sûrement encore plus pour tout digérer.
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