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Les nouveaux chemins d’écriture dans la littérature sud-africaine (deuxième partie)

Les nouveaux chemins d’écriture dans la littérature sud-africaine (deuxième partie)

Released Sunday, 2nd June 2024
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Dans ce second volet de Chemins d’écriture sur les productions littéraires de l’Afrique du Sud post-apartheid, il est question de l’entrée en scène d’une nouvelle génération d’auteurs noirs du Soweto, de la montée des thématiques inabordées jusqu’ici dans la littérature sud-africaine, suivies de recommandations de lectures par le spécialiste Georges Lory.

RFI : Quels sont les thèmes de la littérature sud-africaine post-apartheid ?

Georges Lory : Il y a la condition féminine. Je suis très frappé de voir combien les jeunes autrices sont nombreuses et ont des choses à dire. Je pense à Kopano Matlwa, dont le premier roman a été primé, qui raconte comment une jeune Noire a des parents qui déménagent en zone blanche et combien ce n’est pas facile pour elle de s’adapter. C’est Coconut (1). Elle a fait d’autres romans dont l’un a été traduit en français qui s’appelle Règles douloureuses (2) et qui parle de son métier. Elle est obstétricienne dans un hôpital de Johannesburg. Autre nom à souligner : Mohale Mashigo (3), une autrice dont l’œuvre a été traduite en français par des universitaires, qui à ce jour ne trouvent toujours pas d’éditeur français. Or, elle introduit un petit peu de réalisme magique. Je trouvais que c’était une touche bienvenue, originale.

Et à part le féminisme ?

Il y a le sida. Le deuxième point, c’est la maltraitance des migrants étrangers. L’homosexualité est un thème quasi totalement inabordé sous l’apartheid. Et dernier point que je regrouperais sous la prison, les gangs, la violence. C’est aussi un point qui revient souvent dans la littérature sud-africaine. Concernant les genres, depuis la fin de l’apartheid, ce qui a explosé, c’est le polar. L’auteur le plus connu, c’est Deon Meyer (4), qui raconte des polars d’une grande actualité. Ce sont de petits aperçus sociologiques de l’Afrique du Sud. C’est un genre totalement nouveau. Deon Meyer qui était invité il n’y a pas très longtemps à un colloque à Bordeaux, disait que le polar était propre à la démocratie, que dans les dictatures, il n’y avait pas de roman policier.

Zakes Mda, Nick Mholongo, Phaswane Mpe et Sello Duiker, sont les quatre noms qui reviennent régulièrement dans les discussions autour de la littérature sud-africaine d’aujourd’hui. Comment qualifieriez-vous ces auteurs ?

Leurs productions sont très variées. Zakes Mda est un auteur reconnu. Il a un vrai style, très vivant. Nick Mholongo situe ses livres toujours à Soweto, dans la banlieue de Johannesburg qu’il connaît très bien, qu’il arrive à rendre vivante dans toute sa complexité. Tout n’est pas noir à Soweto, il y a beaucoup d’éléments positifs. Néanmoins, la vie n’est pas simple. Il y a quand même un bouillonnement culturel, un bouillonnement des idées et justement c’est le rôle des écrivains de rendre ça. Mpe et Sello Duiker ont fait une carrière météoritique, mais tristement achevée puisqu’ils sont morts jeunes l’un et l’autre.

Pour finir, si vous deviez citer trois ouvrages incontournables de la période post-apartheid, quels sont les livres qui vous viennent à l’esprit ?

On ne peut pas faire l’économie de lire Disgrâce (5) de John Coetzee, qui se passe tout de suite après l’apartheid, mais qui brosse un tableau extrêmement féroce de la situation en Afrique du Sud aujourd’hui. Le deuxième livre que je recommande, c’est Treize cents (6) de Sello Duiker. C’est l’histoire d’un jeune garçon noir aux yeux bleus, qui se prostitue et survit à la violence ambiante. C’est cette novella qui a fait connaître Duiker, qui est aussi l’auteur d’un roman très remarqué.  Sa mort précoce, sans doute d’une overdose, a privé l’Afrique du Sud d’une plume prometteuse. Enfin, le troisième livre que je voudrais recommander, c’est un recueil de poésies intitulé Messe pour une planète fragile (7) par Antjie Krog. C’est une voix d’Afrique du Sud, qu’il faut écouter. Antjie Krog est une activiste anti-apartheid. Son œuvre est un prolongement de son combat contre le patriarcat et pour la protection de l’environnement. Elle aime à dire que l’homme a saccagé la terre comme il a saccagé les femmes. C’est un parallèle qui fait réfléchir. Dans son livre, elle procède par imprécations. Son vocabulaire est rugueux et ferme. Je dois dire que sur scène comme quand on la lit dans un livre, c’est toujours très impressionnant.

  1. Coconut, par Kopano Maltwa (2007, Ed. Actes Sud)
  2.  Règles douloureuses, par Kopano Maltwa (2018, Ed. Actes Sud)
  3.  Jeune auteure sud-africaine, Mohale Mashigo est romancière, nouvelliste, auteure de scénarios de BD, chanteuse-compositrice. Elle s'est fait remarquer en 2016 avec son roman The Yearning, récompensé par le Debut Prize de l'Université de Johannesbourg. Son œuvre littéraire inclut notamment le recueil de nouvelles Intruders (2018), un livre pour enfants (Where is Lulu ?, 2019), ou encore le scénario des derniers albums de la bande dessinée Kwezi, illustrée par Loyiso Mkize. Elle est également chanteuse et compositrice (Invincible Summer, 2012). 
  4. Deon Meyer est considéré à juste titre comme le meilleur écrivain de polar sud-africain, Il enchaîne les best-sellers depuis deux décennies. Ses principaux romans ont pour titre La Proie, (2020, Gallimard), 7 Jours (2013, Ed. Seuil),  A la trace (2012, Ed. Seuil), Treize heures (2010, ed. Seuil), Lemmer, l’invisible (2008, Ed. Seuil), Le Pic du diable (2007, Ed. Seuil), L’âme du chasseur (2005, Ed. Seuil), Jusqu’au dernier (2003, Ed. Seuil), Les Soldats de l’aube (2003, Ed. Seuil)
  5.  Disgrâce, par John Coetzee (1999, Ed. Du Seuil)
  6.  Treize Cents, par Sello Duiker (2010, Ed. Yago)
  7.  Messe pour une planète fragile, par Antjie Krog (2020, Ed. Joca Seria)
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